Les débuts de l'ID19F, par le Docteur Danche


Les livres racontent très bien la sortie du break, je ne vais donc pas y revenir trop longuement, voici juste une synthèse des quelques idées phares:

Inspiration

le break ID s'incrit dans une tendance européenne de l'époque qui lorgnait ostensiblement vers le Station Wagon à l'Américaine. Le pionnier en France dans le secteur avait été le break Marly (dérivé à hayon de la Simca Vedette).

L'ID19F repompera sans vergogne le concept

.....mais en faisant mieux!

Car l'arrière du break ID est une véritable merveille, bien loin des quatre planches en cercueil de la Marly.

Bertoni dessine la pièce en métal en haut du hayon, des deux côtés. Surprenante et baroque, elle a la grâce de ce qui aurait pu ne pas être, et qui a été.

Les premiers feux arrière (les fameux feux à ailettes) sont communs avec des modèles Panhard contemporains, ce qui accrédite un côté opportuniste à la sortie du break Citroën, sur le mode: "bricolons notre DS pour en faire un break sur le modèle de la Marly, on utilisera ce qu'on trouvera".

Et, en toute impartialité, ce bricolage Citroën s'avère positivement bandant.

 

Production et technique

En termes techniques, le break est précurseur: dès sa sortie en octobre 59, il est équipé en 12 Volts (avant même la DS berline qui restera en 6 Volts jusqu'en Sept 60), il a un accélérateur type planchette (qui équipe l'ID berline à partir de Sept 61 seulement) et un clignotant à main gauche (l'ID berline ne connaitra ce raffinement qu'en Sept 60).

Il a aussi, sur tous les modèles, un freinage type DS (champignon/assistance hydraulique) et une pompe hydraulique 7 pistons. C'est pourquoi on pourrait légitimement défendre que l'ID break est en fait une DS, et non une ID. Mais mieux vaut ne pas trop colporter cette idée, cela pourrait perturber les esprits faibles.

Seul hic pratique sur le modèle: les premières lunettes arrière sont en plexiglas, et, quand on conduit sous la pluie, le galbage aidant, on n'y voit strictement rien. C'est probablement une question de poids qui avait amené ce (mauvais) choix technique, car qui a manipé les premiers types de vérins de hayon se dit qu'avec une lunette en verre, fermer le coffre n'aurait vraiment pas été une partie de plaisir.

 

Marketing préhistorique

la présentation initiale de la nouveauté ID19F a eu lieu dès la fin 1958. Mais les modèles présentés ne sont alors pas dans leur configuration définitive, et on retrouve des choses assez fantaisistes dans les premiers dépliants diffusés à l'époque.

 

Bien que ces dépliants ne correspondent pas à des véhicules rellement commercialisés, un point dans leur argumentaire reste valable, c'est que, sur toute la carrière commerciale de l'engin, le mot-clé est bien sûr....

Car la suspension hydraulique révolutionnaire permet au véhicule de garder exactement le même comportement et la même hauteur au sol, et ce quelle que soit sa charge. Et cela, niemand sur le marché ne peut le konkurrenzer.

 

Marketing opérationnel

Ensuite, au moment des débuts de la réelle commercialisation, mi 60, une remarquable série de 4 dépliants de "propagande" (c'est le terme choisi par Citroën) est produite, illustrant chacune des déclinaisons du modèle:

  • Ambulance (en gris palombe)
  • Break (en bleu monte-carlo)
  • Commerciale (en noir)
  • Familiale (en écaille blonde)

(je reviendrai ultérieurement sur le contenu de ces catalogues pour les présentations individuelles des 4 versions de l'ID19F)

Tous les modèles sont annoncés au réseau pour la rentrée de Septembre 59, mais dans les faits, les premiers breaks sortent fin Septembre 59 (les plus vieux modèles actuellement survivants sont recensés ici par Othello), l'ambulance sort seulement vers Décembre 59, et la familiale attend quant à elle Mai 1960.

Voici pour illustrer mon propos quelques courriers Citroën d'époque sur:

La concurrence en 1960

La concurrence se compose en 1960 du fameux break Marly 2 (non, ce n'est pas un centre commercial) et de la 403 limousine, comme l'indique de façon pénétrante un comparatif d'époque tombé en ma possession, et dont je vous mets en fin d'article la splendide couverture avec Jean Richard, sa panthère Tina et son break Marly 1961.

Alors alors? Qui sort du lot dans ce comparatif que je n'ai pas daigné scanner car il est bien loin des standards de qualité du Danchojournal?
La 403 naturellement, qui fut bien plus vendue que les autres malgré son dénuement franciscain et sa porte arrière type Frigidaire, devenue ridicule à l'ère du hayon. La raison de cette victoire sur ses rivales?

8750 NF au lieu de 13700 NF pour une ID19F confort, ça ne vous aurait pas fait réfléchir, vous?